Une histoire rare
le 5 juin 1897 le conseil municipal de la Chapelle Achard vote la décision suivante
CONSIDÉRANT QUE LE CIMETIÈRE ACTUEL EST SITUÉ PRÈS DE L’ÉGLISE, AU CENTRE DU BOURG ET NE REMPLIT PAS LES CONDITIONS PRESCRITES PAR LE DÉCRET DU 23 PRAIRIAL AN XII (12 JUIN 1804) ;
QUE SA TRANSLATION EST UTILE DANS L’INTÉRÊT DE LA SALUBRITÉ PUBLIQUE ;
CONSIDÉRANT QUE LE TERRAIN A UNE ÉTENDUE EN RAPPORT AVEC LES BESOINS DE LA COMMUNE, QUI COMPTE 818 HABITANTS ET OÙ LA MOYENNE DES DÉCÈS EST DE 17 PAR AN, QU’IL EST SITUÉ DANS UN LIEU ÉLEVÉ ET À PLUS DE CENT MÈTRES DES HABITATIONS, SOURCES ET PUITS LES PLUS RAPPROCHÉS ;
QU’IL EST CONVENABLEMENT EXPOSÉ ET QUE LE SOL, D’APRÈS LES FOUILLES QUI Y ONT ÉTÉ PRATIQUÉES, A UNE PROFONDEUR PLUS QUE SUFFISANTE ;
CONSIDÉRANT QUE LE TERRAIN EST CLOS DE MANIÈRE À LE PRÉSERVER DE TOUS ENVAHISSEMENTS ET PROFANATIONS ; CONSIDÉRANT QUE LA COMMUNE NE DISPOSE D’AUCUNE RESSOURCE À L’EFFET D’ACQUÉRIR UN EMPLACEMENT POUR TRANSFÉRER LE CIMETIÈREE ET L’ENCLORE
QUE MADAME AUJARD OFFRE DE FAIRE DON GRATUIT DU TERRAIN PROPOSÉ ET S’ENGAGE À PAYER TOUTES LES DÉPENSES QUI INCOMBENT AUX COMMUNES EN PAREIL CAS ;
QUE CETTE PROPOSITION EST DES PLUS AVANTAGEUSE POUR LA COMMUNE ;
VOTE 1° LA SUPPRESSION DU CIMETIÈRE ACTUEL
2° SA TRANSLATION DANS LE TERRAIN OFFERT PAR MADAME AUJARD
3° L’ACCEPTATION DE L’OFFRE DE MADAME AUJARD
4° AUTORISE M. LE MAIRE À ACCEPTER LE DON AU NOM DE LA COMMUNE.
En 1900, le jour de la Toussaint le nouveau cimetière est béni. Chronique de l’abbé Guilbaud
Bénédiction du nouveau cimetière 1900
L’an de de N S 1900 et le soir de la Toussaint, après les vêpres de la fête et la bénédiction du Saint-Sacrement, je me suis rendu au vieux cimetière suivi d’une foule immense. La après le chant du Die Jésus, j’ai récité un Pater et un Ave, puis on s’est mis en procession vers le nouveau cimetière. Pendant le parcours, pour ne pas trop allonger la cérémonie on a chanté les vêpres des morts. Arrivés devant la Croix de ce nouveau cimetière, j’ai dit un mot sur la cérémonie qui allait commencer ; puis dûment délégué ad hoc, j’ai procédé à cette bénédiction tant désirée. Suivant que l’indique le rituel romain, je me suis mis à genoux ainsi que la foule, et j’ai récité litanie des saints auquel on a répondu avec une piété vraiment touchante. J’ai ensuite aspergé et encensé tout l’enclos d’un bout à l’autre. Je n’ai fait d’exception que pour le terrain destiné aux infidèles.
Après cette cérémonie, étant également autorisée par Mgr, j’ai béni d’accord croix de pierre érigée au milieu de ce nouveau cimetière, afin de protéger de son ombre tutélaire la tombe des chrétiens. J’ai ensuite embrassé cette croix du sauveur. Monsieur le maire et Monsieur l’adjoint de leur propre mouvement et à la très grande édification du public, sont venus lui rendre un pareillement âge. Le peuple tout entier, à l’exception de deux ou trois personnes qui ont voulu se distinguer, a suivi ce bon exemple.
Le jour tombant à son déclin, la foule s’écroula tranquillement. La pensée toujours salutaire de la mort avait produit son effet. Les chrétiens étaient satisfaits. Après avoir vu leurs cimetières fermer le jour et la nuit pendant plus de deux ans ils allaient désormais pouvoir, à leur gré aller prier pour leurs chers défunts.
Signé Poiraud curé
nota : il est bien, pour rendre témoignage à la vérité, de dire que ce nouveau cimetière, entièrement entouré de murs, d’un grand portail de fer ainsi que la croix de granit fut donnée par Madame Adeline prit nos, veuve au jar, celle qu’on appelait « la bourgeoise ». Elle y repose depuis 1915, après avoir expressément demandé d’y être enterré civilement.
Chronique paroissiale de l’abbé Guillbaud.